Que faire lorsque l’on doute? Est-ce vraiment ma voie? Est-ce un bon choix? Malgré la certitude qui paraissait si solide voilà deux mois, qui a eu le temps de s’ancrer en moi durant les 3 mois de préparation, ces derniers jours furent ceux du doute. Est-ce véritablement dans ce mode de vie que je vais m’épanouir? Quelles ressources dois-je mobiliser pour continuer sur cette voie?
Dans la plupart des récits de voyages que j’ai lu, il existe cette constante vers laquelle les témoignages convergent, les doutes font partie du chemin. Ces doutes qui, inlassablement, refont surface et précipitent certaines réflexions. Ces réflexions qui alimentent mon regard sur mon propre chemin, mes envies, mes aspirations les plus profondes. Ces récits qui construisent un imaginaire autour du voyage, qui parfois se heurte à notre propre réalité. Quels sont les parcours qui nous inspirent, et pourquoi nous inspirent-ils? Comment faire cohabiter ces expériences les unes avec les autres, permettant à la connaissance et aux expériences de se compléter, se nourrir. Comment rendre ces réalités transversales, qu’elles se servent mutuellement? Qu’en tirer, et qu’en laisser?
Ces question, inlassablement, me turlupinent. Elles habitent mes pensées du soir au matin, et du matin au soir. Elles me permettent aussi de construire un propos, un propos sur mon propre voyage, ma propre expérience, la vérité que j’en retire. Elles me permettent de me situer dans mon voyage, que je partage avec Anouk. Agissant comme réactif, elles poussent mon mental dans certains recoins inexplorés. Et, parfois, les tensions sont palpables. Elles alimentent un discours avec moi même.

Toutefois, la vie se charge aussi de donner des signes. Des signes positifs, lorsque l’esprit est suffisamment libre pour les considérer. Alors, le changement peut s’opérer. Ces temps, la crise climatique représente le questionnement majeur de mon voyage. Les conditions météorologiques en Corse se sont dégradées de manière tragiques, menaçant la pérennité des habitants à moyen terme sur l’île. Ce que les offices de tourisme se gardent bien de préciser… Le temps est à la sécheresse, comme jamais de mémoire d’homme il n’y en a eu. Les champs souffrent, les animaux ont soif, certains agriculteurs doivent se résoudre à abattre une partie de leur troupeau faute de ressource. Il n’y a plus de quoi manger, en dehors des aliments importés, qui ont vu leur prix augmenter de manière sensible en raison des crises successives que l’Europe traverse.
Cette réalité, qui s’est imposée à nous sans fard, est une forme de réponse à mes questions existentielles. Le temps est donc aux changements profonds dans nos modes de vie, permettant à la planète de supporter l’empreinte de l’homme. Répondre aux nombreux messages que la terre nous envoie, sans équivoque par rapport à la crise climatique, chez nous et nos voisins directs aussi. Et cela fait partie de ma réponse. Le mode de vie que j’ai décidé d’embrasser répond à cette inconnue de l’équation. Il n’est plus tenable pour moi d’imprimer une marque qui laissera des traces aux génération futures. La planète que je souhaite à mes neveux et nièces, je l’espère meilleure, plus équitable, plus belle, plus vivante.
Une manière de contribuer à mon échelle, à travers mon témoignage et un mode de vie plus sobre, à rendre cette réalité plus palpable. Aujourd’hui, j’ai peur. Peur pour l’avenir de l’homme, peur de savoir quand nous arrêterons notre folie consumériste, qui consomme la planète et nos âmes avec. J’ai l’intime conviction que réside dans le coeur de l’homme une sensibilité et une capacité de connexion profonde avec ce lien immuable qui nous lie à la terre. Celle qui nous nourrit, qui nous porte, qui nous permet de respirer. J’espère au plus profond de moi que la majorité de gens sera capable de la retrouver, pour un avenir plus serein. Greta Thunberg a dit: "Quand on commence à agir, l'espoir est partout. Alors au lieu d'attendre l'espoir, cherchez l'action. Et c'est seulement à ce moment que l'espoir sera là." N'est-il pas temps d'y songer sérieusement?
