Et voilà, cela fait 9 jours que nos fesses sont posées sur nos vélos, que la route défile sous nos roues, qu'elle produit ses effets sur nous. Cela fait donc une semaine qu'on se couche et qu'on se réveille au son de la nature, qu'on se baigne dans des rivières, que notre seul rythme est celui qu'on s'impose. Nous avons eu la chance d'être accompagné de Tiffany et Sophie pour une journée, et de mon cousin Florent pour les 7 premiers jours de notre trip. Un doux bonheur, en plus des personnes venues nous rejoindre ci et là, permettant d'adoucir les aurevoirs, ce qui ne fut pas de trop. Le coup de blues ne s'est donc pas fait attendre une fois seul, le moral dans les chaussettes, la famille et les amis manquaient au rendez-vous, une difficulté pour moi qui me considère comme un être très social.
En effet, une autre spécificité de notre mode de voyage est que notre autonomie peut provoquer notre solitude, il nous importe donc d'aller au contact des gens, créer du lien. Et comme un signe du destin, les deux jours suivants mon petit coup de blues, les gens venaient à nous. Le plaisir de discuter avec une autre voyageuse à vélo, parcourant pour cette fois la via-rhona en une semaine afin de rejoindre une amie à elle avant son retour à Thonon, ou encore Steve et sa femme, un prêtre retraité avec qui nous avons pu discuter alors que nous nous abritions de la pluie sous une devanture de magasin. Il nous aura même offert le café, alors qu'on échangeait sur notre projet et son étendue dans le temps.
"Un peu de folie est nécessaire pour faire un pas de plus" a écrit Paulo Coelho dans son livre Manuel du guerrier de la lumière.
Un peu de folie qui m'aide à donner certains coup de pédales, qui me permet de conserver motivation et entrain alors que le coeur se sent attaché 375km en arrière, dans ma Suisse natale. Embrasser ce mode de vie comporte malheureusement aussi ses enjeux, ses lacunes. Mais comme tout voyage, de magnifique perspectives se dégagent déjà, le temps de prendre le temps par exemple, trop souvent négligé dans mon rythme de vie Suisse. Le temps aussi de contempler la nature, la voir se réveiller et s'endormir tous les jours, d'en prendre quelques clichés lorsque l'opportunité se présente à moi.

Par exemple lors de ce bivouac au bord du rhône, avec le soleil qui jouait à cache cache derrière les nuages, révélant ce que les québécois appellent très poétiquement des "pieds-de-vent". Prendre le temps donc de savourer la poésie du monde, qui peut se révéler en chaque instant, si nos yeux regardent dans la bonne direction.
Alors j'ai décidé de prendre le temps, d'essayer de regarder vers l'avant, avec toues les perspectives magnifiques que cela ouvre. Je vous aime la smala, je vous aime mes amis. <3 Prenez soin de vous et de la vie, qui vous le rendra bien.